Protocole santé mentale : le SNUDI-FO 89 s’adresse au DASEN
Monsieur le Directeur Académique,
Nous avons été saisis par des collègues de différentes écoles concernant le protocole « santé mentale » au sujet duquel vous avez envoyé un courrier le 30 avril.
Les collègues sont assommés par la lourdeur de ce nouveau protocole qui n’apporte rien face au manque flagrant en matière de suivi des élèves à besoins particuliers, au manque de médecine scolaire, de RASED, de places dans les structures spécialisées et aux difficultés rencontrées dans les écoles (ce qui se traduit notamment par un nombre important de signalements dans le registre santé et sécurité et qui ne trouvent quasiment aucune réponse institutionnelle garantissant des conditions de travail acceptables). Rappelons que certaines circonscriptions n’ont même aucun psyEN et que de nombreux postes sont toujours vacants. S’il est question de s’attaquer au problème de la santé mentale, c’est par là qu’il faut commencer.
En tout état de cause, ce protocole ne répond donc en rien au manque de moyens qui permettraient de travailler correctement pour ces élèves et pour les autres. Notons par exemple qu’un nouveau signalement à l’école des Rosoirs arrive aujourd’hui exposant le cas d’un élève violent et de coups et blessures sur une enseignante et une AESH. Ecole pour laquelle aucune réponse aux multiples signalements n’est apportée et dans laquelle vous avez décidé, contre l’avis de tous, de maintenir une fermeture de classe pour la rentrée prochaine. Pour le SNUDI-FO 89, ce n’est pas un protocole qui règlera le problème, tout comme le protocole proposé à l’école Paul Bert de Paron n’a rien réglé.
Nous souhaitons d’ailleurs que ce point soit abordé lors du prochain F3SCT. Les RASED sont déjà débordés et ne peuvent mener à bien leurs missions : ce protocole leur ajoute une charge supplémentaire d’une lourdeur incroyable et d’une efficacité dont nous nous permettons de douter fortement. Les directeurs et directrices et leurs équipes qui croulent déjà sous les tâches : ils se retrouvent ainsi à devoir gérer un dossier supplémentaire et ne trouvent aucune réponse concrète à leurs besoins. Les élèves notifiés n’ont pas, pour bon nombre d’entre eux, l’accompagnement en AESH à hauteur de leurs besoins. De nombreux élèves relevant de structures spécialisées sont toujours scolarisés en milieu ordinaire.
Les places manquent cruellement dans les ESMS et nous n’avons d’ailleurs toujours pas de réponse à notre demande d’informations à ce sujet (malgré votre envoi du compte-rendu du comité de suivi de l’école inclusive qui n’évoque que des généralités mais rien sur les besoins réels et les réponses concrètes apportées). Nous demandons toujours à obtenir les chiffres exacts des places en ESMS et en AESH en regard des besoins notifiés par la MDPH. Sans parler des élèves dont les notifications tardent ou ceux qui ne sont ni diagnostiqués, ni pris en charge par manque de RASED et en particulier de PsyEN. Et ce serait donc aux équipes, encore une fois, de pallier les manquements de l’institution en gérant, par ce protocole, les problèmes de santé mentale des élèves ? Épaulés ou conseillés par des référents ou personnes ressources qui se voient donc affublés d’une mission supplémentaire au détriment de leurs missions initiales. Si le constat est fait d’un problème généralisé de santé mentale des élèves, il est avant tout nécessaire de renforcer les réseaux d’aides à ces élèves, leur prise en charge et le suivi par les psyEN, par la médecine scolaire, par les structures spécialisées. Où sont les postes créés pour cela ?
Le constat est accablant. Les conditions de travail, d’accueil et d’apprentissage ne font que se dégrader et vous mettez en place un protocole qui, encore une fois, fait reposer la gestion de la difficulté sur les enseignants : cette mesure est prise comme une nouvelle provocation.
Nous demandons que les postes dans les RASED soient tous pourvus et que ces réseaux soient renforcés afin de mener à bien le diagnostic et le suivi des élèves à besoin particuliers (dont vous constatez la recrudescence, notamment concernant la santé mentale), qu’un véritable plan de formation d’enseignants spécialisés soit proposé, que les postes spécialisés et les places nécessaires dans les ESMS soient créés et que ce protocole reposant encore sur les équipes pédagogiques soit abandonné.
Je vous remercie et vous fais part, Monsieur le Directeur Académique, de ma parfaite considération.
Lucas ROMAIN, pour le SNUDI-FO 89