Inclusion scolaire systématique : ça ne tient plus !

…et cela fait déjà un moment !

Alors que le gouvernement Macron/Bayrou avait promis la création de 2000 postes d’AESH (afin d’éviter la censure par un jeu de dupes qui n’engageait que ceux qui l’ont cru), la réalité du terrain en cette rentrée est toute autre. Déjà avec la mise en place des PIAL, la mutualisation des AESH et une enveloppe budgétaire toujours en baisse ne permettant pas d’embaucher à hauteur des besoins, l’accompagnement des élèves en situation de handicap ressemblait de plus en plus à du saupoudrage. Cette année, malgré les annonces : c’est encore pire !

Le SNUDI-FO 89 a lancé une campagne en cette rentrée commençant à recenser les besoins dans nos écoles concernant l’inclusion : les résultats sont affligeants. Comme nous l’annonçions, nous sommes bel et bien dans un principe d’accompagnement en fonction des moyens et non plus en fonction des besoins :

  • des élèves notifiés sans AESH ou à dose homéopathique
  • des attentes interminables de prise en charge ou de gestion des dossiers
  • des élèves ayant une notification à temps plein bénéficiant d’un accompagnement partiel
  • des AESH non-renouvelés ou poussés à la démission
  • des changements d’affectation d’AESH et une surcharge en accompagnements (plusieurs élèves à suivre dans une même classe, augmentation du nombre d’élèves à accompagner sur plusieurs établissements…)
  • des élèves relevant d’IME, d’ITEP, balancés dans le milieu ordinaire
  • des actes de violence qui se multiplient et une protection inexistante
  • un manque de RASED toujours plus criant (voire une absence complète)
  • la perspective de la mise en place des PAS qui vont encore dégrader les conditions d’exercice et d’accompagnement

Lors du groupe de travail sur les signalements RSST, vendredi 3 octobre, nous avons enfin obtenu par le service de coordination PIAL89, le chiffre que nous demandions depuis des mois : ce ne sont pas moins de 68 élèves relevant d’IME et plus de 20 relevant d’ITEP qui n’ont pas de places dans ces structures dans notre département !

Près de 90 élèves du département n’ont pas la place en ESMS qui leur est due !

Et l’administration qui ose nous répondre que ce n’est pas tant que ça… mais ce n’est pas eux qui gèrent ces élèves ! Combien d’écoles sont concernées ? Combien d’enseignants, d’AESH, d’élèves sont en souffrance à cause de cela ?

Quant aux RASED ils sont à l’os ! Par exemple sur la circonscription de Joigny : aucun psyEN (sur les 5 postes de la circonscription). Et partout des postes sont vacants (de psyEN, de maître G, et dans une moindre mesure de maîtres E), avec parfois des collègues non-spécialisés qui y sont affectés pour pallier l’absence totale de RASED. Les conséquences sont désastreuses avec notamment des élèves dont le suivi avait permis de faire évoluer le comportement et qui, faute de poursuite de ce suivi, rechutent lourdement.

Et le Secrétaire Général de la DSDEN qui se défile lors du groupe de travail RSST et n’ose avouer qu’aucune campagne de recrutement de PsyEN sur les postes vacants n’est engagée. En attendant, dans les classes on rame, on prend des coups, on subit et on survit comme on peut…

Tout est fait pour créer les conditions du chaos dans les écoles et à bien des endroits c’est une réussite ! Sans parler des délais d’attente pour la reconnaissance du handicap ou sa prise en charge. C’est un désastre. En particulier dans les écoles maternelles qui deviennent toujours davantage l’antichambre de l’inclusion sauvage et forcée.

Les signalements dans le registre RSST se multiplient : les situations ne sont pas réglées, même les IEN et coordinateurs de PIALs se disent totalement démunis. Ici il manque 9 AESH pour être au complet, là l’Inspection n’a que des solutions de bricolage à proposer (voire de culpabilisation des enseignants qui n’y arrivent pas) : des protocoles internes reposant sur l’équipe sont mis en place, des intervenants extérieurs (EMAS, CPC, prévention violence…) viennent gagner du temps et expliquer aux enseignants comment adapter leurs pratiques en donnant des réponses pédagogiques aux problèmes médicaux, l’absence de RASED et notamment de psyEN explose, des élèves sont déplacés sans que rien ne soit mis en place… Un pansement sur une jambe de bois ! Comme si prendre en charge les enseignants plutôt que les élèves allait régler le manque de suivi médicalisé des élèves.

Parfois, au mieux, nous arrivons à obtenir un enseignant en surnuméraire sur l’école, un déplacement ou un aménagement du temps scolaire de l’élève : mais cela ne résout en rien le problème, ça atténue les symptômes, certes, ça soulage parfois, mais ce n’est aucunement une solution pérenne.

Cela suffit ! Le SNUDI-FO 89 le dit et le redit : il faut donner les moyens pour un accompagnement selon les besoins, arrêter de charger toujours davantage les enseignants et les AESH, créer les places dans les structures spécialisées, supprimer les PIAL et les PAS, trouver au cas par cas un cadre adapté pour les élèves, améliorer les conditions de travail et de rémunération des AESH (avec un statut de la fonction publique et un vrai salaire) et faire cesser la souffrance au travail que cela provoque.

Le SNUDI-FO intervient à tous les niveaux et poursuit la résistance face à ce principe d’inclusion scolaire systématique et forcée, qui s’aggrave chaque année et fait des ravages dans nos écoles.

Afin de vous informer, échanger et nous organiser pour lutter contre ce fléau et exiger les moyens pour un accueil digne des élèves en situation de handicap, dans les écoles ou les structures spécialisée selon les besoins, le SNUDI-FO 89 un stage syndical spécial inclusion systématique, ouvert aux PE et aux AESH, le 11 décembre.

D’ici là, continuez à nous envoyer vos demande, constats, besoins pour que nous intervenions sur votre situation et toutes les situations : nous vous invitons pour cela à remplir le formulaire suivant notamment pour opposer la réalité du terrain aux chiffres de l’administration, lors du prochain CSA-SD, le 14 octobre :

fiche suivi inclusion

  • Nous vous invitons enfin à lire le communiqué de la FNEC-FP FO :
25-10-01-Face-au-manque-dAESH-se-mobiliser-avec-FO-pour-les-revendications