CTSD bilan de rentrée du 15 novembre 2019 : déclaration de la FNEC-FP FO 89

Madame la Directrice Académique,

Vous l’avez affirmé lors du groupe de travail du 4 septembre : la rentrée s’est bien passée. Comme vous le savez, nous ne partageons pas ce point de vue.

Commençons par les dernières affectations des collègues avant la rentrée. L’application des nouvelles règles et la logique de la réforme de la fonction publique ont placé de trop nombreux collègues dans des situations difficiles. Comment expliquer aux collègues affectés à titre définitif sur des postes non voulus ou très éloignés de chez eux ou encore aux collègues victimes d’erreurs que tout s’est bien passé ? Au moment où les CAPD disparaissent comment rassurer les centaines de collègues qui participeront au mouvement cette année et leur faire croire que tout ira bien !

Venons-en aux mesures de carte scolaire. L’ouverture de classes pour les CE1 dédoublés a permis de faire illusion. En effet les postes de PMQC supprimés ne sont pas comptés comme classe et ne sont donc « officiellement » pas des fermetures !
Cela reste bel et bien une illusion car dans les faits, la situation ne s’améliore pas. Des classes sont toujours avec des effectifs très élevés, jusqu’à 28, 29 ou même 30 par classe, les RASED sont toujours très lacunaires, un manque cruel de psyEN est constaté, la situation du remplacement risque fort également de redevenir tendue.
Bien que toutes les mesures prévues n’aient pas été mises en œuvre, du fait de la mobilisation l’an passé des organisations syndicales, des collègues, des parents et des gilets jaunes, la situation est tendue dans de nombreuses écoles. Notamment du fait de l’inclusion scolaire systématique qui s’impose dans des classes déjà trop chargées.
Sans compter les AESH. La réponse du ministère par la Loi Blanquer et la circulaire de juin 2019, vendue comme une amélioration notable de leurs conditions d’exercice fait un tollé : mutualisation, augmentation du nombre d’heures sans rémunération supplémentaire, flexibilité accrue, toujours pas de statut, toujours pas d’augmentation de salaire, toujours la précarité. Sans compter que le rectorat, comme l’a reconnu M. le SG, va encore plus loin en imposant des heures devant élèves quand bien même la circulaire ministérielle précise le contraire. Comme vous le savez, les AESH se rassembleront le 20 novembre devant l’inspection et demandent à être reçus avec les organisations syndicales. Leurs revendications sont claires, elles doivent être entendues.

Le constat est sans appel : les personnels de l’Education Nationale subissent de plein fouet les réformes successives. Réforme des rythmes scolaires, PPCR, loi Blanquer, école inclusive, évaluations CP/CE1, réforme de la fonction publique… Sans compter les pressions exercées par les parents, les mairies, les IEN, la lourdeur des tâches administratives pour les directeurs. Les enseignants ne sont pas dupes et en ont assez. Ce sont toutes ces situations qui ont conduit plusieurs de nos collègues à commettre un acte irréparable, symptôme indéniable du mal-être au travail et conséquence directe du syndrome de la sourde oreille, dont est atteinte notre administration. Le nombre de suicides en témoigne et notamment ceux qui incriminent sans détour l’institution : les enseignants n’en peuvent plus.

Mais les enseignants ne sont pas les seuls à en avoir assez. Cette grogne s’exprime dans la société en général. On le voit depuis un an avec le mouvement des gilets jaunes, mais aussi dans les hôpitaux, chez les pompiers, à la SNCF… partout dans le public, comme dans le privé : les salaires, les conditions de travail ne sont plus supportables, le refus de la casse du service public, de la remise en cause des droits collectifs, de l’amenuisement de la protection sociale, des contre réformes qui s’accumulent, est prégnant.
C’est cette colère qui conduira les salariés du public et du privé, à s’unir et à faire front contre la réforme des retraites à partir du 5 décembre.
Le Snudi-FO continue d’exprimer son opposition à cette réforme comme il l’a fait pour chacune des réformes qui ne font qu’accroitre la dégradation des conditions de travail et la rémunération des enseignants.

Quant au second degré, le bilan de la rentrée ne peut non plus être qualifié de satisfaisant ni en lycée ni en collège.

La fermeture du collège Bienvenu Martin supprime la REP d’Auxerre malgré l’opposition de ses usagers et de ses enseignants. L’avenir nous dira quel investissement impossible pour garder un collège sera possible pour rentabiliser ce lieu. L’affectation des collègues est temporaire et va occasionner des cartes scolaires qui vont encore bloquer le mouvement.

Les élèves ne sont pas moins lésés : les classes à 24 sont loin d’être une réalité, du fait de l’arrivée massive des mineurs isolés, qui surcharge les classes de 3è en particulier. Les autres classes sont plutôt à 26/28 pour un public REP. La situation est loin d’être simple à Paul Bert par exemple ou à Albert Camus, qui a trop d’élèves par rapport à sa structure. Va-t-on promener tous les ans des élèves d’un collège à un autre pour arriver à tout faire tenir, d’autant plus que le CD envisage d’autres fermetures d’établissements scolaires ?
Quant aux autres collèges menacés du même sort, nous demandons que l’Education Nationale impose au Conseil Départemental d’y effectuer les travaux et l’entretien nécessaire.
Le ministère a encouragé la mise en place de l’enseignement d’éloquence, avec une ½ h octroyée pour cela, or il n’y a pas eu de moyens supplémentaires, et le budget se révèle très serré.
Cette année encore les classes sont souvent chargées, et on a pu noter un écart sensible entre les prévisions et la réalité à la rentrée, jusqu’à 30 élèves dans certains collèges. L’argument du lissage pour anticiper la baisse des effectifs montre une fois de plus ses limites.

On déplore cette année encore des collègues affectés sur 3 établissements, et si peu de postes n’étaient pas pourvus, c’est souvent au prix de nombreux kilomètres.

La réforme des lycées tient ses promesses :
– postes supprimés dès cette rentrée,
– classes chargées,
– choix réduits pour les élèves,
– pression sur les enseignants et les équipes avec l’organisation d’épreuves dans un flou peu artistique,
– programmes élitistes qui brutalisent des élèves en total revirement avec les directives de l’institution depuis des années,
– et des élèves trop nombreux laissés pour compte, que l’on retrouve en début d’année en 3è ….

D’ores et déjà, des collègues, des écoles, des établissement prennent position pour la grève reconductible à partir du 5 décembre. Celle-ci s’annonce massive. Et c’est en toute logique que les organisations FO-FSU-SUD-CGT, pour la défense des intérêts matériels et moraux des personnels, la préparent activement. Le ministère, le gouvernement doivent l’entendre, retirer leur projet de réforme et revenir sur toutes les contre-réformes imposées.

Madame la Directrice, je vous remercie.