Plan de reprise : déclaration FO au CTSD – faites-nous remonter la situation dans votre école

Déclaration Préalable – FNEC-FP FO 89

CTSD du 14 mai 2020

 

Monsieur le Directeur Académique,

Le constat est sans équivoque : la situation que nous vivons dans les écoles est tendue, pesante, voire même insoutenable. Partout c’est le chaos. La reprise des collègues face aux élèves, en première ligne, se déroule ce jour-même et tous sont déjà à bout, en particulier les directeurs et directrices d’école dont on exige l’impossible. Partout, l’application de ce protocole irréalisable amène une anxiété importante, une tension dans les équipes ainsi qu’avec les municipalités et la panique gagne de nombreux collègues. Le « bon sens » appelé de vos vœux pour mettre en place l’organisation, n’est pas le même pour tous et, de fait, la mise en œuvre sans cadre, sans pilote, sans queue ni tête, se traduit partout par du bricolage et des tensions insurmontables. C’est d’ailleurs bien pour cela que nous demandions un cadrage clair, national, dans le respect de la réglementation, des statuts, des droits et des missions de chacun. Nous en sommes loin.

Ainsi, la Mairie de Sens, par exemple, propose la mise en place d’une charte pour redéfinir les missions de chacun. C’est inacceptable : les missions des enseignants sont définies par le statut de fonctionnaire d’Etat et le statut particulier des PE et non par des chartes locales définies par les mairies. Nous ne sommes pas des agents territoriaux, ce n’est pas aux mairies de définir nos missions. La mairie d’Auxerre, quant à elle, multiplie les injonctions aux équipes enseignantes imposant telle ou telle organisation. Dans les petites communes, c’est souvent très compliqué également : certains imposent des horaires, des missions, des élèves, des cohabitations avec des personnels municipaux… et que dire de ce maire qui demande aux collègues de faire faire la désinfection du matériel par les élèves dans un souci de sensibilisation…? ou encore de celui qui, alors qu’il présente les symptômes du covid, réunit les enseignants et personnels municipaux sans masques et sans protection ? Définitivement, le bon sens n’est pas le même pour tous.

Par ailleurs, nombre de Maires du département ont décidé de ne pas rouvrir leur école à la date prévue. Et nous le comprenons. Mais cela, ne peut nous satisfaire : nous ne voulons pas rester confinés ad vitam aeternam et c’est, de plus, un pas nouveau vers la territorialisation de l’Ecole. Ce n’est pas acceptable. Nous ne voulons pas de cette logique de dislocation de l’Education Nationale que les gouvernements successifs tentent d’imposer depuis des années et que le gouvernement actuel fait passer sous prétexte de situation de crise sanitaire, profitant de l’état d’exception pour imposer ce que refusent massivement les personnels depuis des années. Ce n’est pas cela l’Ecole de la République, ce n’est pas cela l’égalité d’accès garantit par le Service Public d’Education.

Le tollé provoqué par la réforme des rythmes scolaires en a été un exemple frappant. Le contexte actuel le rappelle : comme pour les NAP, les PEdT ou l’organisation municipale des horaires, tout n’est que bricolage et déréglementation. Comment ne pas voir ici la similitude, quand la logique qui s’impose concernant l’organisation de l’école pour cette reprise, se voit confiée aux « acteurs locaux » dans une ambiance générale de flou complet, où les IEN sont dépassés (et nous ne leur jetons pas la pierre), ne répondent pas aux nombreuses questions des collègues, et attendent d’eux qu’ils trouvent seuls ou avec les collectivités locales, des solutions aux problèmes insolubles de mise en œuvre d’un protocole inapplicable.

Nous le redisons, pour la FNEC-FP FO, la décision de ne pas rouvrir les écoles n’est pas une solution satisfaisante. Elle se fait par dépit, face à l’impossibilité de mettre en place la sécurité sanitaire et une organisation convenable, comme l’ont exprimé différents Maires ainsi que le président de l’AMF de l’Yonne. Et de fait, dans bien des communes, la décision d’ouvrir à tout prix se solde par une mise en œuvre désordonnée voire incohérente. Non, ce n’est pas une solution, mais c’est souvent un moindre mal, face au désengagement de l’Etat de sa responsabilité de garantir la sécurité de ses agents, des élèves et de leurs familles.

Quant au port du masque, il apparaît que la circulaire parue au JO les rend obligatoire alors que le protocole non… Alors, plutôt que d’inciter les collègues à la dénonciation des propos d’élèves remettant en cause la politique du gouvernement, recherchant peut-être ainsi à nous faire faire de la propagande, peut-être faudrait-il proposer autre chose que des annonces, souvent contradictoires ou incohérentes, et dont le seul but est de façonner l’image médiatique du gouvernement, tout en forçant la reprise à tout prix, au mépris de notre santé et de notre sécurité.

Les risques psycho-sociaux dans les écoles sont légions, les relations entre collègues se crispent, et les images des élèves dans les écoles et les cours de récréation enfermés dans des cases ont créé un émoi légitime car elle symbolisent parfaitement ce qui se joue : amener à tout accepter, et notamment la transformation de l’Education Nationale, sa « modernisation » qui aux dires mêmes du ministre va se faire « avec les collectivités locales, dans l’articulation entre scolaire et périscolaire et un cadre nécessairement mixte… ». Cela se fait au détriment des conditions d’exercice et d’apprentissage. C’est bien de l’école/garderie dont il s’agit. C’est bien de cela que nous ne voulons pas ! Non, nous ne l’acceptons pas, et ce quel que soit le contexte !

Ce ne sont pas des conditions pour enseigner. Notre rôle est d’instruire et non de faire de la garderie, et certainement pas dans ces conditions. Cette remise en cause sans précédent de nos missions n’est pas tolérable. Encore une fois, plutôt que de contraindre à organiser une reprise impossible, en dépit de nos missions et nos statuts, en reportant sa responsabilité sur les acteurs locaux, le ministère et son administration feraient bien de se mobiliser pour répondre aux exigences formulées dans les CHS-CT et réclamée largement par la FNEC-FP FO à tous les niveaux : la protection sanitaire des personnels et des élèves, qui passe par la fourniture de masques de protection reconnus par le code du travail (FFP2), de gel hydroalcoolique, de produit de nettoyage et de lingettes virucides, la désinfection des locaux et le dépistage systématique des personnels et des élèves.

C’est le préalable à une reprise de l’école qui puisse se faire le plus sereinement possible, dans le cadre réglementaire et statutaire, dans le cadre de nos missions, et nous exonèrerait, de fait, à tous, de la mise en place de ce protocole irréalisable, anxiogène et maltraitant.

Les collègues ne se satisferont pas d’entendre l’antienne ministérielle disant que « tout se passe parfaitement bien ». Vous le savez aussi bien que nous : ce n’est absolument pas le cas.

 

Lors de ce CTSD, la volonté affichée d’associer les Organisations Syndicales à l’élaboration du protocole départemental est clairement apparue. C’était sans compter sur l’indépendance du SNUDI-FO : Hors de question de participer à ce « plan départemental de reprise » destructeur de nos missions, de nos statuts et de l’Ecole de la République. Nous l’avons clairement exprimé : le problème sanitaire doit avoir une réponse sanitaire (protection – masques FFP2, produit et lingettes virucides, dépistage systématique..) et non la remise en cause de nos droits et de notre statut.

Nous ne tolérerons pas plus en situation de crise qu’à tout autre moment la dislocation de l’Ecole.

Le SNUDI-FO 89, comme à son habitude, n’entre pas dans la logique de cogestion.

Nous avons porté les revendication, rien que les revendications.

Les avancées obtenues par le SNUDI-FO 89 concernant les AESH, les Autorisations Spéciales d’Absence, les DUER, la fermeture des écoles en cas d’impossibilité ont été confirmées. Faites remonter par le RSST, le RDGI toutes les difficultés, impossibilités, complications… et risques psycho-sociaux.

Mais cela ne suffit pas : si certains collègues ont pu être temporairement épargnés ainsi,

cela n’empêche pas que la situation générale reste insoutenable.

Faites-nous remonter la situation dans votre école.

A Sens, à Joigny et dans d’autres communes, des écoles sont refermées tout juste après, voire avant même la reprise… tous les jours au moins une nouvelle école fait machine arrière : c’est bien la preuve que les conditions ne sont pas réunies, et cela continuera tant qu’il n’y aura pas de dépistage systématique !

Quant au protocole, il est inapplicable, anxiogène et maltraitant.

Réunissez-vous et prenez position pour faire entendre que ce n’est pas cela l’Ecole de la République !

Contactez le SNUDI-FO 89 pour vous défendre dans toutes les situations (demandes d’ASA – santé ou garde d’enfants-, fermeture de l’école, protocole inapplicable, CHS-CT, manque de protection, anxiété…) et pour porter les revendications.

Nous avons obtenu des avancées, notamment, dernièrement, pour les collègues AESH. Continuons à nous mobiliser.

Quoi qu’il en soit, la reprise dans ces conditions, ce n’est pas la reprise de l’Ecole : pour cela, il nous faut des tests et des protections !