Carte scolaire : le DASEN maintient les fermetures lors du CDEN !

Après un groupe de travail, un CTSD et un CTSD de repli qui se sont soldés par le vote « contre » unanime des organisations syndicales, un CDEN très majoritairement opposé (13 contre, 4 pour, 5 abstentions), après des rassemblements de près de 200 personnes mercredi 3 et vendredi 12 mars réunissant enseignants grévistes 1er et 2d degrés, parents, élus…
Mis à part quelques reculs arrachés (annulation des fermetures à Sormery, Vermenton, Cheny, Chailley et Rive Droite Auxerre), le DASEN maintient une carte scolaire insupportable : 17 fermetures de classes, 10 postes de remplaçants et 8 postes de PMQC supprimés. lire article carte scolaire 

La FNEC-FP FO 89 s’est exprimé lors du CDEN par la déclaration suivante :

Mesdames et messieurs les membres du CDEN,

Nous nous retrouvons, aujourd’hui, en commission, en visioconférence, après avoir déjà entamé les discussions sur la question de la carte scolaire et des postes, toujours en visioconférence pour ne pas être plus de 6 alors que nous pouvons être plus de 30 en classe…

Pour le premier degré, cette carte scolaire, préparant l’année 2021-2022, se fait avec une dotation en baisse, de 12 postes inférieure à celle de cette année. En soit, c’est déjà scandaleux surtout quand nous savons à quel point la question des effectifs et du manque de moyens dans les écoles, en postes, en personnels, en enseignants et structures spécialisées, est soulignée chaque année par les personnels et leurs représentants. En temps normal, les fermetures de classes et de postes sont déjà une catastrophe pour nos écoles.

Mais nous vivons une période troublée, difficile pour tous et qui devrait, « quoi qu’il en coûte », être l’occasion d’un renforcement des services publics essentiels au bon fonctionnement de notre société et de notre République tant les besoins en sont criants.

Au lieu de cela, la dégradation se poursuit et nous sombrons dans une logique où la seule réponse face à la situation sanitaire est la remise en cause des libertés individuelles et collectives.

Comment comprendre ?

Comment comprendre que l’on ferme encore des classes ? Que l’on supprime encore des postes de remplaçants ? Que les postes de PMQC (maîtres supplémentaires, souvent derniers signes d’une prise en compte de la difficulté de certaines écoles) soient supprimés sans aucune compensation ? Que les RASED (réseaux d’aides aux élèves en difficulté) ne soient pas renforcés alors que les besoins explosent ? Comment comprendre que la capacité des structures spécialisées qui ne sont pas en mesure d’accueillir tous les élèves notifiés par la MDPH ne soit pas étendue ? Comment comprendre que la formation continue choisie soit réduite à peau de chagrin (du fait de la pénurie de remplaçants) tandis qu’on accroît le flicage et que la liberté pédagogique est remise en cause ?

Comment comprendre que des personnels, des élèves, des parents, doivent encore subir l’annonce désastreuse d’une fermeture de classe, qui vient s’ajouter à une situation générale tendue, anxiogène, morose, à la dégradation économique et sociale, aux suppressions d’emplois, à l’état d’urgence, aux confinements et autres couvre-feu ou au retour de la réforme de l’assurance chômage…

Comment comprendre que soient mises en place des organisations imposées aux équipes notamment par des classes à multiples niveaux, sur plusieurs cycles, dégradant encore le moral des enseignants, déjà largement atteint en voyant leurs droits bafoués, en particulier (et c’est d’actualité) celui à mutation ?

Comment entendre alors qu’on rejette la faute de l’échec de l’éducation nationale ou des résultats en baisse, sur les compétences des enseignants dont, soit dit en passant, les salaires sont gelés depuis des années et le pouvoir d’achat au plus bas ?

Comment comprendre que dans la situation actuelle, afin de pallier le manque de personnels, aucun recrutement statutaire n’ait eu lieu ? Que seuls quelques contractuels en CDD aient été appelés en renfort que ce soit parmi le personnel enseignant ou de la médecine scolaire, exsangue depuis des années, qui aurait fort besoin d’un recrutement statutaire massif pour combler les postes vacants mais également rétablir les droits des personnels.

Comment comprendre que tous les moyens ne soient pas mis en œuvre pour compenser les lacunes dues aux confinements, dans les conditions les plus favorables, notamment pour les plus fragiles ?

Comment comprendre que le dispositif permettant l’an dernier de préserver les écoles rurales en ne fermant pas de classe dans les communes de moins de 5000 habitants n’ait pas été reconduite, contrairement à ce que la Secrétaire d’Etat s’est retrouvée contrainte d’annoncer face au Sénat, tant l’incohérence de la fin de cette mesure est criante?

Comment comprendre enfin que le ministère de l’Education Nationale ait rendu pour l’exercice 2020 plusieurs centaines de millions d’euros à Bercy qui auraient permis la création de plusieurs milliers de postes?

Comment pourrait-on se satisfaire de cela ? Les organisations syndicales se sont toutes fermement opposées à ce projet de carte scolaire scandaleux en votant unanimement contre lors du CTSD et du CTSD de repli.

La logique portée par cette carte scolaire pour le premier degré, pourtant présentée comme simple, est insupportable : la FNEC-FP FO 89 la condamne.

Dans le second degré, c’est tout autant scandaleux :

Les DHG prévues pour la rentrée 2021 sont clairement insuffisantes, préparées, sur la base de chiffres parfois contestables, et contestés, et de structures virtuelles non tenables dans la réalité.

La situation sanitaire met nombre d’entreprises en péril et les élèves qui partaient en apprentissage à la rentrée 2021 risquent fort de revenir.

Il est prévu, selon vos chiffres, de perdre 97 élèves, pour lesquels on supprime 18 postes d’enseignants. Qui plus est, les seuils d’effectifs sont remontés à 30 partout, ce qui au regard de la situation sanitaire relève a minima du cynisme le plus flagrant.

En multipliant les heures supplémentaires obligatoires, on oblige les collègues à exercer sur deux, voire trois établissements : 101 collègues sont concernés, et doivent parfois aller à l’autre bout du département pour deux ou trois heures de cours même quand il est possible que la totalité de leur service s’inscrive dans leur établissement.

Ce gouvernement continue sa politique de destruction des statuts et de l’Ecole Publique : cela a des conséquences indéniables sur les conditions de travail et d’apprentissage, sur la qualité de l’enseignement offert aux élèves.

Mercredi 3 mars, nous étions près de 200, enseignants, parents, élus, rassemblés pour dire non aux fermetures de classes et aux suppressions de postes.

Aujourd’hui des collègues sont en grève, prêts à perdre une journée de salaire pour défendre leur école, leur établissement. Ils étaient à nouveau réunis devant la DSDEN ce matin, pour faire entendre leur désaccord avec cette logique de suppression de moyens alors qu’il en faut davantage. Des pétitions de parents rassemblant des centaines de signatures ont été déposées, des courriers d’élus envoyés.

L’incompréhension, l’indignation, la colère explosent face à la politique de restriction menée à tous les niveaux, face à cette dégradation constante des services publics, depuis l’hôpital où l’on ferme encore des lits, voire des hôpitaux entiers, jusqu’à l’école de la République, et ce même dans le contexte délétère que nous connaissons.

Cela n’a pas l’air d’émouvoir outre mesure l’administration de l’Education Nationale, le ministère ou le gouvernement. C’est un tort.


Pour FO, même le CDEN passé, nous devons continuer à nous mobiliser pour les postes, pour les moyens, pour le recrutement statutaire, pour nos droits et nos statuts, pour nos salaires, pour le retrait des contre-réformes (Loi Rilhac, Grenelle de l’Education, PIALs, formation initiale et continue…) :
Pour la défense du service public et le de l’Ecole de la République !