Protocole irréalisable, responsabilité des « acteurs locaux », protection sanitaire – audience avec le DASEN le 4 mai
Le SNUDI-FO 89 a été contacté par téléphone, ce lundi 4 mai, par le Directeur Académique de l’Yonne suite à notre demande d’audience et aux différentes interpellations.
Tout d’abord, le SNUDI-FO 89 a exposé les différentes raisons qui le poussent à estimer que la situation n’est pas tenable, que la décision d’une réouverture précipitée préalable à la mise ne place des garanties sanitaires est dangereuse. En témoignent les prises de positions notamment du Président de l’Association des Maires de France du département ou celle du Syndicat des Inspecteurs d’Académie qui rejoignent les inquiétudes des collègues. A noter que le maire de Lindry a pris un arrêté pour garder son école fermée jusqu’à nouvel ordre : nous invitons tous les collègues à prendre contact avec leur Mairie pour faire entendre leur refus de cette reprise dans les conditions actuelles à la fois dangereuse et maltraitante pour les personnels et les élèves.
Le DASEN nous confirme que ce sont bien les « acteurs locaux » qui devront établir l’organisation de l’école. Cela met évidemment en jeu leur responsabilité. S’il tente d’être rassurant, insistant sur la progressivité du processus de reprise, aucune réponse ne peut être donnée à la mise en regard du protocole et de la réalité du terrain : les problèmes de locaux, de matériel, de protection, d’organisation pédagogique, de circulation, de disposition, de distanciation doivent être gérées au cas par cas. C’est indéniablement une façon de reporter la responsabilité sur les « derniers de cordée » que sont les personnels. C’est inacceptable.
En tout état de cause, le DASEN confirme à plusieurs reprises ce qu’a dit le ministre : « Si les conditions d’application du protocole ne sont pas réunies, l’école ne rouvrira pas ». Dont acte.
Reste à savoir qui en décide : les Maires, les directeurs, les IEN ?… Quoi qu’il en soit, au vu de ces réponses, nous appelons tous les collègues à envisager toutes les démarches, toutes les actions pour ne pas cautionner cette reprise et pour s’exonérer de participer à la catastrophe sanitaire et sociale qui s’annonce.
Notre administration se doit de garantir notre protection et de prendre ses responsabilités. Les Maires ne sont pas nos responsables, ce n’est pas à eux d’organiser la reprise, ce n’est pas aux directeurs et aux équipes enseignantes de mettre en musique ces décisions.
Prenons position pour le faire entendre : Dans ces conditions, la reprise, c’est NON !
- Toujours pas de garanties de protection
Comme demandé à de multiples reprises et à tous les niveaux, le SNUDI-FO exige le dépistage systématique des personnels et des élèves (très souvent asymptomatiques) et les moyens de protection nécessaires (masques FFP2, désinfection, gel…). Cela est toujours loin d’être garanti. Pire, dans le nouveau protocole, même les masques « grands publics » ne sont plus obligatoires.
La satisfaction de cette demande de bon sens serait pourtant, indéniablement, un moyen d’éviter de devoir se soumettre à un protocole irréalisable, surréaliste, contraignant et maltraitant. On nous parle sans arrêt de bienveillance : comment pourrait-on décemment laisser entendre que la mise en oeuvre du protocole, notamment chez les plus petits, ne sera pas, au contraire, un traumatisme pour les élèves et leurs enseignants.
Nous invitons tous les collègues à s’organiser pour le faire entendre : prenez position, exprimez-vous collectivement : « Pas de masques FFP2, pas de dépistage systématique = pas de reprise ! »
- protocole irréalisable, anxiogène et maltraitant
Le DASEN l’a répété, « Si les conditions d’application du protocole ne sont pas réunies, l’école ne rouvrira pas ».
Il a répété également que tout cela se ferait en concertation avec les élus locaux, pour les questions matérielles, et par les équipes pour les questions « pédagogiques », autrement dit pour l’organisation des groupes. Mais qui décide des groupes, des élèves accueillis (plutôt les CP-CM2 au départ…) ? Comment maintenir les distances de sécurité ? Comment s’assurer que tous les élèves respectent les gestes barrière ? Comment assurer la circulation dans les couloirs sans croisement ? Comment imposer aux élèves les mesures de sécurité durant les récréations ?
« Nous devons arriver à mettre en place ce protocole contraignant et voir comment on le décline. Mais cela permet avant tout que la reprise se passe dans de bonnes conditions, et même si c’est contraignant, c’est nécessaire ». Aucune réponse claire et précise, pas d’autre cadrage que celui du protocole. Débrouillez-vous avec ça.
Tout la mise en oeuvre repose donc sur les équipes « les mieux à mêmes de savoir ce qu’il faut pour les élèves : ce sont eux qui les connaissent ». Certes. Mais ce sont eux qui les connaissent qui disent et redisent que ce n’est pas possible ! Là encore, faisons-le entendre !
Dans le détail, le protocole sera discuté lors du CHS-CT qui se tiendra mercredi 6 mai. Faites-nous remonter toutes vos remarques : difficultés, impasses, complications…
Pour le SNUDI-FO, il n’est pas question de discuter de comment mettre en place le protocole, d’avoir du temps pour cela… Nous exigeons simplement que les garanties sanitaires soient réunies.
- Responsabilité
Le SNUDI-FO 89 a insisté sur ce point important. Il apparaît clairement que l’Etat se défausse de sa responsabilité et la fait porter par les « acteurs locaux ». On impose des missions qui ne sont pas les leurs aux directeurs. On demande aux équipes de mettre en musique une partition injouable, inaudible et on leur dira après que ce sont elles qui jouent mal ! Cette cacophonie est de l’entière responsabilité de nos dirigeants ! Et il ne s’agit pas de musique mais bien de notre santé.
Pour le DASEN, « l’Etat se substituerait aux collègues en cas d’accident ou de problème juridique ». Le SNUDI-FO 89 interviendra bien évidemment dans ce sens si tel était le cas, mais pour l’instant, rien ne le garantit. Au contraire, lorsque la responsabilité de la mise en oeuvre du protocole est laissée aux directeurs (en collaboration avec les mairies), on ne voit pas bien où est l’Etat.
Communiqué SNUDI-FO direction 020520(1)Les directeurs et les collègues ne sont pas tenus de pallier les manquements de l’administration en matière de sécurité. En cas de danger, il leur revient de signaler, d’alerter, pas de prendre la responsabilité de régler le problème. Un signalement dans le registre RSST, pour tout problème de sécurité est un moyen d’alerter fortement et ce dans un cadre institutionnel favorisant le suivi syndical et la prise de responsabilité de l’administration.
Contactez le SNUDI-FO 89. Saisissez le CHS-CT !
modalités d’utilisation du RSST
- Prises de positions
Comme déjà dit, certaines mairies ont pris position ou des arrêtés contre la réouverture des écoles. Des collègues dans les écoles ont également adopté des motions pour exprimer leur refus. Des parents s’organisent. L’ensemble de la « communauté éducative » est très inquiète. Partout la colère monte. Le SNUDI-FO 89 vous propose un communiqué aux parents d’élèves (en bas de page).
Prenez position dans vos écoles avec vos collègues, le parents, les personnels municipaux, les élus… Exprimons collectivement notre refus, c’est le meilleur moyen pour nous faire entendre !
- Autorisation Spéciale d’Absence
Suite aux RIS que nous avons organisées, le SNUDI-FO 89 a proposé aux collègues de faire des demandes pour ne pas retourner dans les écoles. En particulier pour les collègues à risques et pour la garde de leur enfant.
Le DASEN reconnaît qu’il convient, pour les collègues, de signaler toute situation, toute difficulté et que ces demandes seraient étudiées avec « sérieux et bienveillance ».
Pour les raisons de santé (personnels à risque, fragiles, ou ayant un proche à risque) : ces demandes ne poseront aucune difficulté, selon ses dires, puisque c’est une annonce ministérielle : avec un justificatif médical, ces autorisations seront donc accordées sans problème. Un certificat de votre médecin traitant convient (pas de nécessité de passer par le médecin de prévention).
modèle de Demande-dAutorisation-Spéciale-dAbsence
Pour les autres raisons (garde d’enfant ou autre) : elles seront étudiées « au cas par cas », il faut les signaler à la circonscription. C’est ce que nous vous invitions déjà à faire : toutes vos inquiétudes, difficultés, doivent être exprimées. Les problèmes de garde d’enfant (établissement fermé, enfant non accueilli ou même simplement si vous ne voulez pas que votre enfant retourne en classe, angoisse…) doit être signalé. Toute situation particulière problématique sera étudiée. Cela ne garantit pas que la demande sera accordée, mais dans le pire des cas cela exprimera le ressenti sur le terrain. Contactez le SNUDI-FO pour vous aider dans cette démarche : snudifo89@gmail.com
RAPPELONS-NOUS TOUTEFOIS, QUE C’EST L’ACTION COMMUNE, COLLECTIVE QUI NOUS PERMETTRA D’OBTENIR SATISFACTION : PROFITEZ DES CONSEILS DES MAITRES POUR DISCUTER ET PRENDRE POSITION ET FAITES REMONTER AU SNUDI-FO 89.
- Droit de retrait, droit de grève.
Si ces demandes d’ASA ne sont pas acceptées, il y a la possibilité d’utiliser son droit de retrait. Comme nous l’avons exprimé, certains collègues vont être amenés à en user s’ils considèrent que leur santé est en danger, afin de se protéger. Le DASEN insiste sur le fait que la réglementation au sujet du droit de retrait est stricte. Nous comprenons bien, par là, qu’il ne souhaite pas que cet outil de défense des personnels soit utilisé. Il n’empêche que c’est un droit que le SNUDI-FO 89 entend bien faire valoir. Nous accompagnerons tous les collègues qui souhaitent l’utiliser : infos sur le droit de retrait.
Un préavis de grève ayant été déposé par la FNEC-FP FO au niveau national, tous les collègues ont la possibilité de se déclarer gréviste et d’utiliser ce droit pour ne pas se rendre sur son lieu de travail. Retrouvez la procédure.
- AESH
A notre demande, les AESH dont les élèves ne sont pas présents en classe n’auront pas à se rendre sur leur lieu de travail. La question des élèves reconnus « MDPH » pose particulièrement problème du fait de la nécessaire proximité avec l’accompagnant. C’est un problème qui préoccupe le DASEN qui (là encore) n’a pas de solution. C’est un dossier à traiter. Pour le SNUDI-FO 89, pas de doute : il n’y aura pas de baguette magique. La distanciation et les gestes barrières, déjà impossibles avec les autres élèves, se révèlent d’autant plus impraticables avec les élèves en situation de handicap. Et il serait inacceptable que ces élèves et leur famille soient stigmatisés par un refus d’accueil. Là-encore, c’est bien la preuve que la situation ne permet pas le retour en classe.
Quoi qu’il en soit, il apparaît clairement que rien n’est prêt, à quelques jours de cette reprise programmée et bricolée.
L’Etat se défausse de ses responsabilités qui viennent se reporter sur les acteurs locaux qui, de leur côté ne demandent qu’une chose : pouvoir reprendre dans des conditions optimales, avec les garanties sanitaires, avec le dépistage systématique, dans le cadre d’une organisation claire, précise et réalisable.
Ce n’est pas le cas. C’est loin de l’être. Et cela ne le sera pas plus le 11, le 14 ou le 18 mai. Avant de fixer une date, il est nécessaire que le cadre soit fixé et en premier lieu le cadre de protection sanitaire. Cette reprise n’a pour but que de satisfaire aux exigences du MEDEF et de faire de l’Ecole une garderie de fortune dans une ambiance militaire maltraitante et qui ne garantir en rien la protection de notre santé.
Le SNUDI-FO 89 agit et agira par tous les moyens pour nous faire entendre, pour organiser les collègues et imposer le recul sur cette décision aberrante de reprise à tout prix, au mépris de notre santé.
Réunissons-nous. Prenons position. Organisons-nous.
NON la reprise n’est pas possible dans ces conditions. Notre administration se doit de nous protéger : qu’elle en garantisse les conditions plutôt que de nous envoyer au casse-pipe dans des nids à virus sans aucune protection !
Participez à la nouvelle RIS du SNUD-FO 89
Vendredi 8 mai à 14h en visio sur le lien https://meet.jit.si/RISSnudiFO89
Ne laissons pas passer cette décision irresponsable et dangereuse :
Sans dépistage généralisé, sans les mesures de protection nécessaires, toute reprise est inacceptable.
Nous refusons que l’école et nos vies soient la variable d’ajustement des besoins du MEDEF.
Exigeons des préalables à toute reprise d’activité :
- Le dépistage systématique de tous les personnels et des élèves ;
- La mise en œuvre de toutes les mesures de protection nécessaires (équipements de protection à hauteur des besoins, désinfection totale des locaux, tests quotidiens…).
Tract SNUDI-FO à l’intention des parents d’élèves :
parentsArticle de l’Yonne Républicaine sur la reprise, avec l’intervention de Jérôme Thiriet, du bureau du SNUDI-FO 89 :
YR 2020-05-04 Coronavirus école 1(1)Refusant de se plier à l’unité nationale pour coorganiser la reprise du 11 mai avec le ministère, la FNEC-FP-FO a pris l’initiative d’une pétition nationale « Le 11 mai ou après… pas de reprise sans dépistage systématique, sans les moyens de protection nécessaires » qui a réuni, à cette heure, plus de 55.000 signatures.