Ce n’est pas cela l’Ecole Publique !
Comme nous l’avons exprimé au DASEN, lors du CTSD de reprise, le 14 mai, jour du retour des « élèves » dans les « écoles », le constat est sans équivoque : ce ne sont ni des élèves, ni l’école qui ont repris.
La situation que nous vivons dans nos établissements est tendue, pesante, parfois même insoutenable. Partout c’est le chaos. La reprise des collègues face aux élèves, les a placés en première ligne et tous sont déjà à bout, en particulier les directeurs et directrices d’école dont on exige l’impossible. Partout, l’application de ce protocole irréalisable amène une anxiété importante, une tension dans les équipes ainsi qu’avec les municipalités… personne n’y trouve son compte.
Le « bon sens » appelé des vœux du DASEN pour mettre en place l’organisation de cette reprise, n’est pas le même pour tous et, de fait, la mise en œuvre sans cadre, sans pilote, sans queue ni tête, se traduit partout par du bricolage et des tensions insupportables.
Le bons sens pour certains maires les amène à fermer les sites, pour d’autres il fallait ouvrir à tout prix, avec pour certains une version « soft » du protocole, pour d’autres une application stricte… mais partout dans le cadre d’une école totalement dégradée et qui ne ressemble plus à rien.
Et quand on écoute le ministre, ce constat alarmant laisse place à une inquiétude profonde, notamment lorsqu’il annonce que cette école dégradée, bricolée, à mi-chemin entre la garderie et l’école, entre la gestion nationale et municipale, est pour lui l’avant goût de l’école de demain.
Clairement, le ministre profite de la situation de crise pour aller toujours plus loin dans le saccage de l’école, pour remettre sur le tapis et aggraver le principe de territorialisation et de dislocation de l’école engagés par la réforme des rythmes scolaires ou de l’école de la confiance ;
Une école gérée par les municipalités, créant la confusion entre scolaire et périscolaire, dans un mélange des genres entre enseignants et personnels municipaux, sans groupe classe de niveau, sans tous les élèves, alternant présentiel et distanciel, sans programmes nationaux mais des projets éducatifs territoriaux, sans respect desstatuts, sans missions clairement définies, sans règles… Une « garderie apprenante municipale »…
Et, comme il l’a fait pour la réforme des rythmes scolaires, première mesure de son investiture, comme il l’a fait pour la gestion de la canicule l’an dernier, le ministre Blanquer répond immanquablement : ce sont les mairies qui décident. C’est bien là son cap : tout est prétexte à se défausser sur les collectivités locales, car c’est là son objectif pour l’école. Et voilà aujourd’hui que ce sont donc aux Maires de décider si l’école ferme ou ouvre et dans quelles conditions, créant une disparité totale entre les écoles et le chaos que nous connaissons. Nous sommes là dans la même logique : celle de la dislocation.
Pour le SNUDI-FO 89 ce n’est pas acceptable : Tant que nous n’aurons pas les masques protecteurs et le dépistage systématique, nous n’aurions donc le choix qu’entre l’ouverture dans ces conditions avec ce protocole maltraitant, et le maintien du confinement, du télétravail et de la fermeture des écoles ! Mais aucune de ces réponses ne sont satisfaisantes ! Nous demande-t-on de choisir entre la peste et le choléra ? Le SNUDI-FO s’y refuse !
En quoi cela est-il une réponse à la situation d’épidémie ? Où sont les protections dues par notre employeur ? Qu’est-on en train de nous faire faire ? Qu’est-on en train de nous faire accepter sous prétexte de crise sanitaire ?
- du travail en présentiel + en distanciel impliquant une double journée de travail, parfois avec des élèves d’autres classes
- des horaires de présence aléatoires, un jour sur deux, selon les décisions des mairies et qui changent du jour au lendemain
- des partages de classes entre enseignants et animateurs municipaux
- des collègues contraints d’abandonner une partie de leurs élèves restés chez eux
- le maintien d’écoles fermées et du télétravail hors réglementation, laissant de surcroît de nombreux élèves sur le carreau
- des collègues dépossédés de leurs propres classes pour s’occuper d’élèves d’autres niveaux
- des remplaçants envoyés dans des écoles pour faire de l’aide administrative ou autres tâches en dehors de leurs missions
- des collègues à qui on demande de faire le nettoyage des locaux et du matériel
- l’accueil d’élèves reconnus MDPH sans accompagnants
- la soumission à des consignes floues, contradictoires, incohérentes, infaisables, qui changent du jour au lendemain
- le tout dans un contexte toujours maltraitant, dégradé, à mille lieues des principes d’égalité d’accès à l’Education et d’instruction publique.
A cela s’ajoute, le dépôt d’un projet de Loi sur le statut de directeur et l’autonomie des établissements ! On comprend aisément pourquoi…
… et la liste est loin d’être exhaustive de tout ce qu’on tente de nous faire avaler.
Comme il l’a annoncé à plusieurs reprises, c’est cela « l’école de demain » que nous promet le ministre Blanquer. Il est donc urgent de faire entendre que nous n’en voulons pas ! Ni maintenant, ni jamais !
Le SNUDI-FO 89 avec sa fédération, la FNEC-FP FO 89, l’ont exprimé clairement lors du CTSD : lire la déclaration préalable.
L’Union Départementale FO 89 a publié sa position à ce sujet dans un communiqué de la Commission Executive.
Nationalement, la FNEC-FP FO communique régulièrement et intervient au niveau ministériel pour le faire entendre : déclaration au CT ministériel.
Le ministre se doit de nous protéger. Au lieu de cela, il détruit l’Ecole !
Nous invitons tous les collègues, à prendre position au plus vite, dans leur école, pour exprimer collectivement et faire entendre leur refus de cette « garderie apprenante municipale » appelée à transplanter l’Education Nationale et l’Ecole de la République.
Vous trouverez ci-dessous un modèle de motion à signer et faire signer largement :
et à renvoyer au SNUDI-FO 89 : snudifo89@gmail.com