Courrier au DASEN du 26 mars : protection des personnels, dossiers, carte scolaire…

Monsieur le Directeur Académique,
 
 
Je me permets de vous solliciter à nouveau sur différents points qui nous posent problème.
 
Tout d’abord concernant la protection des collègues.
Nous avons appris qu’une collègue d’une école de Sens a été diagnostiquée malade du Covid-19. Si celle-ci est actuellement confinée, il apparaît clairement que cette école et celles du même quartier sont susceptible d’être des foyers de contamination. Tous les collègues de cette école ainsi que des écoles proches sont donc susceptibles d’avoir contracté la maladie ou d’être porteurs sains. Nous demandons donc expressément que des tests soient effectués sur tous les collègues concernés.
Mais cela interroge plus généralement sur l’accueil dans l’ensemble des écoles. Dans ce sens, un dépistage systématique nous paraît indispensable, en plus des mesures de protection que nous demandons depuis le début de l’épidémie : gel, gants, masques FFP2 (qui sont indispensables pour garantir au mieux la sécurité des personnels), lingettes désinfectantes et le nettoyage complet des locaux au moins deux fois par jour.
Cette protection est indispensable à l’heure où le virus se propage particulièrement rapidement : Rappelons en effet que le plan national de lutte contre une pandémie grippale (élaboré en 2007 lors de l’épidémie de la grippe aviaire) précisait : « L’utilisation du masque F.F.P.2. est recommandée pour les personnels qui, dans le cadre de leurs activités professionnelles, sont en contact direct avec le public ou ont de nombreux échanges. […] Les recteurs d’académie doivent assurer l’équipement en masques de protection des personnels concernés et informer l’administration centrale des initiatives qu’ils prennent dans ce domaine. Ils communiquent au ministre, au 31 décembre de chaque année, l’état des stocks de masques F.F.P.2. et anti-projections dont ils disposent. »
Nous demandons que ces masques soient distribués aux collègues. Nous demandons qu’un plan de dépistage systématique des personnels volontaires soit mis en oeuvre. L’union Départementale FO s’est adressé en ce sens au Préfet.
 
 
Il apparaît dans toutes les consignes gouvernementales que tout rassemblement est proscrit et réunir même 8 élèves et des personnels est en contradiction avec cela : tout doit être mis en oeuvre pour protéger les personnels et le confinement ne doit pas être rompu.
A ce propos, concernant les transmissions physiques de documents, il nous apparaît que les consignes données vont à l’encontre de ces mesures. Nous demandons que celles-ci soient annulées.
Nous avons été alertés par des collègues directeurs au sujet de la note envoyée pour Affelnet. Nous vous avions interpelé à ce sujet. Il est de notre point de vue inconcevable qu’il soit demandé aux collègues de courir après des parents afin de transmettre des documents administratifs (tout comme les documents pédagogiques pour en assurer la « continuité »), de les réunir, d’entrer en contact physique avec eux. Il en va de la santé des personnels, dont vous êtes responsable.
En aucun cas, cela ne peut être considéré comme indispensable et urgent au point de mettre en jeu la santé des personnels.
Il y a certainement des solutions, a minima, pour une gestion administrative à distance des dossiers 6ème ou de maintien : inscription automatique, signature électronique, report sine die des opérations d’inscription pour les cas particuliers. De nombreuses familles parmi les plus précarisées, celles précisément qui nécessitent d’être accompagnées tout au long de la procédure les années précédentes, n’ont pas fournies de mail aux écoles ; le fonctionnement de la Poste, suggéré par la gestionnaire, devient très aléatoire.
Quoi qu’il en soit, il est, de notre point de vue, incompréhensible que les consignes données cette année soient les mêmes que l’an passé, éludant de fait, la situation sanitaire et mettant les collègues, et en particularité les directeurs, face à des consignes contradictoires et dans l’incapacité de répondre aux demandes, sans mettre leur santé et celle de leurs collègues, des parents, de leurs enfants, en péril. Le tout dans un calendrier inchangé et avec des consignes demandant notamment la signature des deux parents pour les inscriptions en ulis ou egpa. Comment comprendre ? Comment faire ? Les collègues ne peuvent être tenus à l’impossible.
 
 
Il apparaît également, que, comme je vous l’ai signalé, de nombreux collègues ayant des dossiers (exeat, disponibilité, temps partiels…) ne sont pas en mesure de les transmettre. Les services de la poste sont largement restreints, les bureaux sont fermés, et les collègues ne sont pas à même de pouvoir se déplacer pour cela. Certains n’ont pas les documents nécessaires (d’autant plus lorsqu’ils ont plusieurs domiciles pour les demandes de mutation). Par ailleurs, après attache auprès du syndicat FO des agents de la Poste, il apparaît que les recommandés ne sont plus signés, puisque les contacts sont proscrits. La poste propose un service de recommandé par voie dématérialisé. Nous avons noté suite à notre entretien, que ces situations seraient étudiées au cas par cas. Nous insistons pour que les délais soient rallongés et que l’information des modalités de transmissions des dossiers soient explicités aux collègues.
Nous demandons qu’une solution soit trouvée. L’envoi des dossiers peuvent, de notre point de vue, être transmis simplement par mail avec demande d’accusé de réception, en attente d’une transmission ultérieure des documents papier.
 
 
Pour finir, nous n’avons toujours pas reçu les documents de préparation de la carte scolaire.
Au vu de la situation, le CTSD ne peut pas se tenir convenablement. Comme nous vous l’avons d’ores et déjà signalé, il ne sera pas possible, ni aux représentants du personnel d’exercer leur mandat (comment contacter les collègues, les écoles, face à une menace de fermeture par exemple…), aux personnels, parents, municipalités de faire entendre leurs demandes… Nous demandons donc que la carte scolaire soit reportée après la crise sanitaire.
Vous évoquez l’importance du maintien du calendrier du mouvement auquel les collègues sont attachés. Certes, mais actuellement, les collègues sont avant tout préoccupés par leur santé. Le report du mouvement de façon à ce que les règles soient respectées, que la transparence soit de mise, que les dispositions soient prises pour qu’à la fois les instances de carte scolaire et du mouvement soient réunies sérieusement et que les opérations puissent se dérouler sereinement : cela est bien plus important.
Qu’en est-il à ce propos du CTSD « règles du mouvement » du 19 mars ? Nous ne pourrions accepter que celui-ci soit annulé.
 
 
En tout état de cause, et notamment face aux déclarations gouvernementales laissant entendre que les enseignants sont actuellement en vacances, il apparaît que les collègues s’offusquent du traitement qui leur est réservé. Ils ont raison. Les remerciements pour leur engagement ni ne les protègent ni ne les rassurent. La considération réelle passe avant toute chose par des mesures de protection à la hauteur et par la satisfaction de leurs revendications. La situation actuelle montre, s’il en était besoin, la nécessité d’un service public fort, ce que nous réclamons depuis des années. Pour autant les politiques publiques menées ne cessent de l’affaiblir et d’en réduire les moyens : nous en voyons plus que jamais les conséquences. Il est temps dès à présent de mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires pour le renforcer. Nous ne voulons pas des promesses, nous ne voulons pas être « rassurés » par des discours : nous voulons des actes.
 
 
Monsieur le Directeur Académique, je vous remercie et vous fais part de ma parfaite considération.
 
 
Lucas ROMAIN, pour le SNUDI-FO 89