Déclaration FO au CDEN du 15 novembre : postes, moyens, salaires, inclusion, territorialisation… et fermeture du collège de Bléneau.

Vous trouverez ci-dessous la déclaration de la FNEC-FP FO 89 à l’occasion du CDEN qui se tient ce mardi 15 novembre.Nous vous invitons à la lire et à la diffuser. 
Monsieur le directeur Académique,
Mesdames et Messieurs les membres du CDEN,

Nous nous réunissons aujourd’hui pour faire le bilan de la rentrée 2022​, et​ nous apprenons que, pour la rentrée 2023, alors que les besoins sont criants, le gouvernement programme encore 2100 suppressions de postes dans l’​é​ducation dans le prochain budget, adopté sans aucune discussion, par un ​quatrième​ 49​.3​ à l’assemblée.
2100 suppressions de plus, alors qu’il manque encore ce 9 novembre, des professeurs, des personnels dans les collèges et les lycées, des enseignants dans les écoles et en particulier des remplaçants.

Or, ce dont l’école a besoin maintenant c’est de moyens ​: u​n recrutement massif d’enseignants sous statut est nécessaire et urgent. Nous ne voulons pas d’un recrutement par le biais de job-dating de contractuels, mais bien le recrutement d’enseignants ​par​ l’organisation de concours exceptionnels à partir de BAC+3 avec une véritable formation.
Des moyens, nous les voulons aussi par le salaire avec le dégel du point d’indice et son augmentation à hauteur de 20%, la hausse des salaires et des pensions pour tous et sans contrepartie. Nous refusons la logique de missions supplémentaires.

Car cette année encore le nombre de candidats aux concours d’enseignants est encore en baisse. A qui la faute ?
En premier lieu à la mise en œuvre de la masterisation Chatel-Sarkozy en 2010 qui, en imposant la détention d’un diplôme Bac+5 au lieu d’un diplôme à Bac+3 pour se présenter aux différents concours enseignants, a engendré l’assèchement du vivier de candidats. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles la FNEC FP-FO, seule, avait voté contre les projets de décrets relatifs à la masterisation au comité technique paritaire ministériel, au conseil supérieur de l’Education et au conseil supérieur de la Fonction publique d’Etat.

D’autre part, comment ne pas lier la baisse du nombre de candidats aux concours avec l’effondrement du pouvoir d’achat des personnels de l’Education nationale ? Rappelons que ceux-ci, comme tous les fonctionnaires, ont perdu 23% de leur pouvoir d’achat depuis 2000 et que cette baisse atteindra des records en 2022 puisque le point d’indice n’a été augmenté que de 3,5% alors que les indicateurs annoncent une inflation à 8,5% en décembre prochain.

Force est de constater que la pseudo-revalorisation annoncée par le ministre Ndiaye, dont une bonne partie est conditionnée à l’exercice de tâches supplémentaires, n’a convaincu personne !

Concernant l’inclusion.


Lors du CTSD du 4 octobre vous nous avez rappelé le manque criant de places dans les structures spécialisées, le manque de personnel PSYEN, AESH, médecins scolaires, RASED…
Le nombre d’élèves à accompagner explose et aucune solution n’est trouvée. Des AESH en sous-effectif toujours aussi mal payés, des RASED disloqués avec des missions de prise en charge des enseignants et non des élèves, des EMAS qui viennent expliquer aux enseignants comment prendre en charge des enfants qui nécessitent des soins médicaux , des PSYEN débordés.

Dans l’Yonne des dizaines d’enfants attendent un accompagnement ou une place en IME, ITEP … Ces enfants sont en souffrance à l’école car ils ont besoin de soins et dégradent les conditions d’apprentissages des autres élèves. Les enseignants sont laissés sans solution. Nous demandons à nouveau un point précis sur l’état des lieux de l’inclusion : élèves en attente de places en IME, en ITEP, en ULIS, en hôpital de jour, en SESSAD, et les besoins en AESH en fonction des notifications et précisant les heures d’accompagnement.

Désormais, avec le fiasco des PIALs qui ne fait que diminuer le temps d’accompagnement des élèves et qui engendre toujours plus de flexibilité chez les AESH, on constate qu’on réduit encore les heures d’accompagnement passant chez certains enfant de 12 à 5h et ajoutant un 4ème enfant dans l’emploi du temps des AESH.
Dans le même sens, des AESH co en ULIS sont utilisées pour le suivi individuel. On le constate, vous rognez partout pour répondre, a minima, aux notifications : les AESH bouchent les trous, au détriment des élèves et de leurs besoins. Clairement, avec les PIALs, on fait en fonction des moyens et non des besoins.
Nous exigeons un recrutement massif d’AESH afin de répondre aux besoins des élèves et la véritable reconnaissance (salariale et statutaire) qui leur est due.
La mise en place des PIALs est un désastre et leur gestion est impossible, en témoigne le refus des chefs d’établissements, des adjoints et directeurs de segpa de la prendre en charge. Vous êtes d’ailleurs contraints de faire reposer cette responsabilité sur les CPE et notamment les CPE contractuels moins à même de le refuser du fait de leur statut.

Concernant la territorialisation.

Nous constatons qu’à la suite de l’expérimentation Marseillaise qui fait gérer les écoles comme des établissements autonomes sous la coupelle des collectivités locales, une énième tentative de territorialisation de l’école revient au goût du jour.

En effet, des projets éducatifs de territoires fleurissent cette année. Sous ses airs séduisants, tout n’est qu’inégalité.​ ​Il s’agit bien de décentralis​er​, de territorialiser, et dénationaliser l’école de la République​ :​ toutes les écoles​,​ tous les collègues sont placés sous la menace d​’être gérées par les​​ ​collectivités et soumises aux fluctuations des majorités politiques locales.
Dans cette situation que deviendraient nos obligations de services définies nationalement, notre temps de services, nos missions définies par décret, le droit à mutation, le droit au temps partiel ? Comment organiser les remplacements, comment garantir la liberté pédagogique, la laïcité, l’indépendance professionnelle ? Le statut de fonctionnaire d’Etat n’y résisterait pas !

Les collectivités territoriales auront toute autorité sur le Projet éducatif Territorial​.​ Les enseignants seront sous l’autorité des collectivités territoriales via le PEDT qui a vocation à empiéter sur le temps scolaire.​ ​L’école serait livrée à toutes les pressions locales politiques ou autres, selon le bon vouloir de la collectivité territoriale. La garantie de neutralité et de laïcité assurée par la République est totalement abandonnée. L’inégalité entre communes mais aussi entre les enfants d’une même commune, organisée, codifiée.

Le SNUDI-FO 89 s’oppose fermement à ces projets éducatifs du territoire, aux projets éducatifs ruraux et à toute tentative de territorialisation de l’école qui viserait à mettre fin au caractère national de celle-ci. Avec les concertations locales « l’école faisons la ensemble », c’est avant tout l’école des territoires que l’on nous appelle à construire et à accepter. Pour FO, c’est « l’Ecole de la République défendons-la ensemble ! »​​.

Concernant la fermeture prévue du collège de Bléneau :
Nous voyons le désastre lorsque des collectivités sont amenées à gérer (« en bon père de famille » comme dirait M.Gendraud), les questions de l’éducation sur la seule base d’objectifs d’économies budgétaires : comme nous le refusions pour le collège Bienvenu-Martin, nous refusons de toutes nos forces la fermeture du collège de Bléneau.
Au vu, notamment, de la nécessité de service public criant dans cette zone plus que sensible du département, cette décision est une honte.

Nous appelons à une mobilisation générale de toutes et tous pour faire revenir à la raison les responsables de cette situation qui n’ont pas mis les moyens pour garder cet établissement en état et qui en décident cyniquement la fermeture.


Je vous remercie.

A cette occasion, les représentants FO proposent au vote les voeux suivants :

  • Voeu 1 : Nous demandons l’abandon des PIAL qui ne servent qu’à mutualiser les AESH et réduire le temps d’accompagnement des élèves. Ils n’apportent que flexibilité et mal-être pour les personnels. Nous demandons un vrai statut pour un vrai salaire pour les AESH ainsi qu’un recrutement massif pour pallier la hausse conséquente des élèves nécessitant un suivi.
  • Voeu 2 : Nous demandons l’ouverture des places nécessaires pour répondre aux notifications MPDH dans toutes les structures spécialisées ( IME, ITEP, EREA, SESSAD, SEGPA, ULIS …) et le recrutement de tous les personnels spécialisés nécessaires dans les établissements et dans les RASED ainsi qu’un plan de départ en formation spécialisée.
  • Voeu 3 : Les représentants au CDEN défendent l’École Publique et s’opposent à la contractualisation massive dans l’Éducation nationale. Elles demandent l’organisation exceptionnelle, dans les plus brefs délais, de concours supplémentaires de recrutement, ouverts aux étudiants de niveau L3, afin d’élargir le vivier des candidats potentiels et de permettre que les postes vacants soient pourvus par des enseignants sous statut, avec la mise en place d’une formation permettant, notamment, à ces lauréats fonctionnaires stagiaires de valider à terme une équivalence M2.
  • Voeu 4 : Le CDEN exige l’abandon du projet de fermeture du collège de Bléneau et demande la remise en état des locaux.
  • Voeu 5 : Le CDEN s’oppose à toutes les mesures visant à territorialiser l’école : mise en place des PEDT, rythmes scolaires, généralisation de l’expérimentation marseillaise, évaluations d’écoles, territoires éducatifs ruraux, cités éducatives.

Un compte-rendu de cette instance vous sera envoyé prochainement par vos représentants FO en CDEN.
Retrouvez également les communiqués du SNUDI-FO et de la FNEC-FP FO concernant la baisse du nombre de candidats au concours et les concertations « l’Ecole, faisons-la ensemble ».